Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/522

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ne subjugue jamais et ne doit jamais dédaigner ; et que le moyen le plus propre à la captiver, étoit d’intéresser à ses vues cette classe d’hommes sages, instruits, paisibles observateurs des événemens et de leurs causes, qui finissent toujours par donner le ton à leur siècle, et leurs opinions à la postérité.

Louis XIV, vivement frappé de tout ce qui portoit le caractère de la grandeur, sentit qu’une nation n’est véritablement grande que par la supériorité des lumières. Tous les esprits, exaltés par les merveilles de ce règne, prirent un essor extraordinaire.

Alors on vit éclore à-la-fois et les plus grandes actions et les plus beaux ouvrages. La langue suivit les progrès des idées, et se revêtit de tous les caractères que voulut lui imprimer le génie. Cette langue, maniée par la Nation la plus sociable de la terre, épurée par une Cour galante et polie, enrichie et perfectionnée par des poètes, des orateurs et des philosophes, dut acquérir de l’élégance, de la grâce, de la souplesse et de la clarté ; elle dut être féconde en termes propres à exprimer les développemens du cœur humain, les détails des mœurs et tous les objets qui occupent la société. Cette politesse, peut-être excessivement délicate, qui proscrit de la conversation les gestes trop prononcés, les tons de voix trop élevés et trop forts, dut proscrire aussi de la langue les mouvemens trop impétueux, les figures