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et d’estimer les chefs-d’œuvre de la littérature grecque, plus ils exigeaient impérieusement que le descendant de Miltiade ou d’Aristide, empruntant la voix d’un interprète rendît hommage à la langue des maîtres du monde[1].

Une loi expresse enjoignait aux Préteurs de ne promulguer qu’en latin leurs décrets et leurs édits[2].

On lit dans Strabon[3] que, sous la domination romaine, les Espagnols de la Bétique s’assujettirent tellement aux mœurs étrangères, qu’ils oublièrent l’idiôme natal.

Le même auteur[4] nous apprend que dès le siècle

  1. Magistratus verò prisci quantoperè suam populique romani majestatem retinentes se gesserint, hinc cognosci potest, quòd, inter cætera obtinendæ gravitatis indicia, illud quoque magnâ cum perseverantiâ custodiebant, ne Græcis unquam nisi latinè responsa darent. Quin etiam ipsâ linguæ volubilitate, quâ plurimum valet, excussâ, per interpretem loqui cogebant ; non in urbe tantùm nostrâ, sed etiam in Græciâ et Asiâ ; quò scilicet latinæ vocis honos per omnes gentes venerabilior diffunderetur. Val. Max. lib. 2, cap. 2.
  2. Decreta a prætoribus latinè interponi debent. L. Decreta D. lib. 42, tit. I de Re judicata.
  3. Edit. Oxon., liv. 3, p. 202.
  4. Ib. lib. 4, p. 258. « Les Volcae, dit-il, s’étendent jusqu’aux bords du Rhône : les Salyes et les Cavari occupent la rive opposée. Mais le nom de ces derniers a tellement prévalu sur les noms des autres peuples, qu’on nomme Cavari tous les barbares leurs voisins, qui ont même cessé d’être barbares : car ils ont adopté pour la plupart la langue et la façon de vivre des Romains. » Cette remarque de Strabon suffirait pour prouver que les autres Gaulois, qu’il ne regarde pas comme barbares, usaient de la langue latine. C’est principalement la différence d’idiôme qui faisait donner aux peuples étrangers la dénomination de barbares.