Page:Chopard - Quelques personnages officiels à Tahiti, sous le règne de S. M. Napoléon III.djvu/23

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Taatauuru, député. « Cette façon de procéder au vote ne me paraît pas régulière. Dans les sessions précédentes nous adoptions les lois en votant chaque article. »

Le président de la Chambre. « Nous n’avons pas à revenir là-dessus. »

Oh ! M. de la Richerie est un habile homme ! Suivant lui, ce serait bien mal gouverner que de ne pas savoir tout ce qui se dit ; que de ne pas connaître tout ce qui se fait et de tolérer qu’une démarche, pour simple qu’elle soit, puisse avoir lieu sans qu’on lui en ait préalablement demandé l’autorisation.

On ne saurait jamais trop, ni trop minutieusement gouverner. C’est en vertu de cette idée qu’il veut grouper toutes les cases autour de celle du chef, du juge et des agents de police, et qu’il accumule les pénalités contre celui qui ne vient pas se faire surveiller dans la maison construite par ordre et sur modèle. Les citations suivantes le montrent :

Session législative de 1861. — LOI SUR LES TRAVAUX.

ART. 3. — « Tout homme n’ayant pas de case, ou ne demeurant pas dans un rayon de mille mètres autour de la chefferie devra au district deux jours de travail par semaine. »

Même session. — LOI SUR LA PLANTATION.

ART. 2. — « Tout individu n’ayant pas sa case autour de la maison de chefferie sera tenu de planter par an cent cocotiers, quatre tamanus et vingt arbres à pain. »

Ainsi, trois lois : loi sur la construction des cases, loi sur les travaux, loi sur la plantation, établissent l’impôt, l’emprisonnement, deux espèces d’amende, le travail public et des plantations à faire pour punir celui qui n’aura pas sa case auprès de celle du chef. Et enfla, comme si tout cela était trop doux, l’article 5 de la loi sur les amendes vient s’y ajouter.

Session législative de 1861. — LOI SUR LES AMENDES.

ART. 5. — « Tout individu qui ne paiera pas son amende dans le délai de dix jours, après la condamnation, sera arrêté, mis en prison et y restera jusqu’à parfait paiement. »

Nous l’avons déjà dit, M. de la Richerie est vraiment libéral… en fait de pénalités.