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district il a mis le ministre protestant du district et qu’enfin, comme les occupations de ce ministre pouvaient être trop fatigantes, car généralement aux fonctions de pasteur et de maître d’école il joignait celles de juge, de député et d’époux de chefesse, il lui a donné un suppléant pour l’aider.

Tel est l’accord qui existe entre les paroles, les promesses et les actes de M. Louis-Eugène-Gaultier de la Richerie.

Quelques personnes ont osé dire que les actes de son gouvernement constituaient contre le catholicisme une persécution d’autant plus dangereuse qu’il tâchait de la dissimuler sous une apparence de légalité. Lui-même n’en doutait nullement, car il plaignait la mission catholique de ce que ses instructions l’obligeaient à la persécuter. Il est vrai qu’on l’a entendu dire aussi «qu’il est toujours aisé de trouver des prétextes spécieux, des raisons plausibles, pour rendre illusoires et officiellement inexécutables les instructions les plus formelles du ministre.»

Racontons maintenant l’histoire des îles Marquises.

Dans l’année 1858, le poste de soldats français que l’on entretenait dans ces îles et le résident qui les commandait furent retirés comme étant inutiles.

La mission catholique livrée à elle-même, et, restée seule en face de ces populations encore anthropophages, redoubla d’énergie. Elle parvint non sans de grandes difficultés à établir une entente cordiale entre les grands chefs des diverses vallées et à leur faire reconnaître la suprématie de Temoana, chef de la baie de Taio-Haé, que nous avions décoré du titre plus pompeux que réel de roi de Noukahiva.

Grâce à cette entente des chefs et à leur obéissance pour Temoana, monseigneur Dordillon, évêque de Gambysopolis et chef de la mission, organisa dans le pays une police vraiment remarquable, au moyen de laquelle une paix durable fut imposée aux vallées, sans cesse en hostilités les unes avec les autres ; les usages païens furent abandonnés, et les sacrifices humains abolis.

Les naturels du pays, reconnaissants des bienfaits de ce nouvel ordre de choses, écoutaient volontiers les prédications des missionnaires ; ils demandaient et suivaient leurs conseils, et tout faisait présager que dans peu de temps l’influence civilisatrice du christianisme aurait enfin assez prévalu pour que ces populations n’eussent plus à craindre d’être arrêtées, dans les