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à l’évêque, et en outre il achevait de faire preuve d’un jugement vraiment rare et droit en demandant deux ministres protestants français, l’un pour Papeete, où les Indiens sont congréganistes indépendants[1], et l’autre pour les îles Tuamotu, où il n’y a que des catholiques et des mormons.

Quelque temps avant, M. de la Richerie, dans une lettre confidentielle, où il épanchait son cœur, promettait à monseigneur Jaussen de lui donner toutes les écoles « mais officiellement, dit-il, pour que cela soit durable. » Il « est sur d’être approuvé, à Paris, si les formes légales sont observées » ; et il ajoutait que : « comme homme et comme chef actuel de Tahiti, il tient à lui dire que la mission doit et peut avoir toute confiance en lui. »

« Attendez et vous verrez », dit-il.

En effet, attendons et voyons ! Lisons les lois qu’il fait paraître et n’oublions point que tous les articles en sont rédigés ou inspirés par lui. Nous citons :

Loi sur le culte national tahitien. Article 6. Ils (les ministres protestants français) prendront la direction de nos écoles.

Loi sur l’instruction publique tahitienne. Article 9. Il n’y aura qu’une école et qu’un instituteur par district et cette école sera placée prés de la demeure du chef.

Même loi. Article 11. Cette rétribution comprend une indemnité aux ministres chargés par la loi de diriger les écoles et aux instituteurs suppléants.

Même loi. Article 12. L’indemnité au ministre de chaque district sera de dix centimes par enfant présent et par mois[2].

Nous avons attendu et nous avons vu que : M. de la Richerie après avoir promis « toutes les écoles aux catholiques, mais officiellement pour que cela soit durable » (j’ai sa lettre confidentielle sous les yeux) s’est empressé de placer toutes les écoles sous la direction des ministres protestants ; qu’à la tête de l’école dans chaque

  1. L’Église tahitienne protestante a été fondée et façonnée par des ministres congréganistes indépendants. Elle ne peut avoir un chef. Une paroisse ou congrégation choisit son ministre sans contrôle et ne doit avoir aucun trait d’union avec une autre. Comment cette Église aurait-elle pu s’accommoder de ministres qui l’auraient gouvernée au moyen d’un consistoire comme le veulent les réformés français ?
  2. Le salaire de l’instituteur suppléant sera de trente centimes par enfant présent et par mois.