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Lorsque des Indiens avaient une grâce, une faveur à demander, ou bien s’ils avaient à réclamer de M. de la Richerie contre un déni de justice, ils savaient fort bien que pour n’être point repoussés, il leur fallait répondre par un non formel à la question inévitable : « Es-tu catholique ? »

De même que les lois citées dans les pages qui précèdent, les actes de ce gouvernement étaient hostiles aux chrétiens catholiques. Rappeler tous ces actes serait bien long, en citer un grand nombre serait trop pénible pour le cœur et fatigant pour l’attention. Nous nous bornerons donc à en raconter quelques-uns, pris au hasard, dans le tas.

En voici un :

Les ordonnances et les prescriptions de tous les gouverneurs français à Tahiti avaient jusqu’alors respecté les articles 4 et 5 du traité du protectorat qui garantissent à chacun le libre exercice de son culte et de sa religion. De temps à autre, soit pour redresser le zèle de quelque chef de district, appartenant à l’une des deux religions en vigueur dans l’île, soit pour rappeler à chacun ses droits à la tolérance religieuse, MM. les Directeurs des affaires indigènes faisaient publier dans le Messager de Tahiti, seul journal officiel, des avis semblables au suivant :

« Messager de Tahiti. — 2 avril 1857. — Texte tahitien.

Le Directeur des affaires indigènes signifie aux chefs et aux conseils de districts de Tahiti et de Moréa, que lorsqu’il s’agit d’édifier ou de réparer une maison pour l’usage de tous les habitants d’un district, comme une maison d’école, il est nécessaire que tous les habitants du district y travaillent.

Il n’en est pas ainsi d’une maison de prières, que ceux-là y travaillent dans le district, qui appartiennent au culte pour lequel est cette maison. Eux seuls édifient et réparent ces maisons-là. »

La loi sur le culte national protestant, celle sur les travaux publics, et tant d’autres lois défavorables aux catholiques, n’avaient pas encore vu le jour, soit parce que le temps nécessaire à leur élaboration avait manqué, soit plutôt parce que la Chambre des députés, destinée à les voter, n’avait pu être encore suffisamment réduite, et déjà M. le Commandant Commissaire impérial de la Richerie, oubliant tout ce qu’avaient