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Sans nul doute il les aura pris de son ancien interprète l’ivrogne Guilloux, et son témoignage n’est pas plus digne de foi que celui de MM. de la Richerie, de la Roncière et consorts.


NOTE A.


Extrait d’une lettre écrite en 1861 par Maria-Eutokia, régente des îles Gambier, à Son Excellence M. le ministre de la Marine.

« J’ai l’honneur d’appeler l’attention de Votre Excellence sur une question bien plus grave pour nous et dont la solution favorable ou défavorable peut conserver à mon peuple une source permanente de richesse, ou causer pour lui au bout de deux ou trois années un immense et irrémédiable appauvrissement. Votre Excellence sait que les îles Mangarèva n’ont absolument d’autre commerce que celui de la nacre pêchée dans le bassin intérieur des îles qui forment ce groupe. À l’époque où sont arrivés les missionnaires, il y a 26 ans, la nacre était tellement abondante, qu’au rivage même, un homme pouvait en recueillir trois barils de 100 kilogrammes par jour. Mais depuis 26 ans que la pêche continue sans interruption, la nacre est allée en diminuant d’une année à l’autre, et de nos jours elle est complètement épuisée en certains endroits. Dans d’autres endroits il s’en trouve encore, et de bonne qualité, mais ce n’est plus qu’à une profondeur de 15 brasses, où peu de nos plongeurs peuvent descendre en s’exposant à la mort, et ils ne peuvent en rapporter. Ailleurs, il n’y a plus que de très-jeune nacre, qui n’a guère que le quinzième du poids qu’elle acquerrait arrivée à son entier développement. Alarmés de cet état de choses qui menace notre pêcherie d’un entier épuisement, nous pensions, depuis plusieurs années, à suspendre la pêche, pour donner à la jeune nacre le temps de grossir et à la nouvelle nacre celui de naître. D’après l’avis unanime de mon Conseil, je viens de mettre ce projet à exécution et j’ai ordonné une suspension générale de la pêche.

» L’agent de M. Brander, négociant anglais, se trouvait à Mangarèva, quand ma prohibition a été portée. Sous prétexte que son commerce souffrait de cette défense, il a menacé de porter plainte à M. le gouverneur de Tahiti, assurant de la manière la plus formelle qu’il obtiendra de M. de la Richerie, dont il connaît bien les sentiments, dit-il, qu’un représentant français vienne s’établir à Mangarèva, apportant l’ordre de continuer la pêche de la nacre. Ces mesures m’affligent parce qu’elles