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M. Caillet ouvre la pêche ! C’est inconcevable ! ou plutôt ce n’est que trop concevable après l’histoire d’Atirikigaro.

Mais revenons à son rapport. Nous citons :

« Maria-Eutokia, craignant probablement les suites de cette déclaration (ouverture de la pêche), se ravisa et me fit dire qu’elle avait les moyens de payer l’indemnité de 1866. Je rassemblai de nouveau le conseil et j’obtins enfin la pièce B n° 62.

» Par cette pièce B n° 62, la régente et son Conseil me promettaient de payer en septembre 1866, 30,000 francs en espèces et 10,000 francs en nacres ; en septembre 1867, 40,000 francs en perles ; en septembre 1868, 40,000 francs en nacres pêchées en temps et lieu. »

L’obtention de cette pièce B n° 62 avait modifié les termes de la convention du 21 septembre 1865, mais donnait-elle plus de sécurité pour être payé ? Evidemment non, car on avait remplacé une promesse par une autre promesse qui obtenue par la violence ôtait plus qu’elle n’ajoutait aux sécurités du paiement.

Maria-Eutokia, ainsi qu’on peut le voir par l’extrait d’une lettre qu’elle écrivait au Ministre de la marine en 1861 (note A) savait que la réouverture de la pêche, suspendue déjà depuis deux ans, était la ruine des bancs de nacre. Devant cette perspective elle céda, mais le conseil de régence ne fut pas si facile qu’elle et afin d’obtenir de ses membres qu’ils voulussent bien signer cette fameuse pièce B n° 62, M. Caillet eut besoin de recourir à autre chose qu’à la persuasion. Après cela il fut enchanté de lui-même et avec la logique qui le distingue il tira de ce qui venait d’avoir lieu la conclusion suivante : « Maria-Eutokia a donc les moyens de payer de suite une grande partie de l’indemnité, mais elle préfère ne s’acquitter que dans les limites de la convention. »

Nous le laisserons à sa satisfaction. Le reste de son rapport ne contient plus que des phrases banales sur le compte du R. P. Laval. Nous ne les reproduirons pas, laissant à ceux qui voudront s’en faire une idée le soin de lire le journal le Siècle ou l’un de ces petits livres de basse littérature qui ont été écrits contre les prêtres. Nous croyons inutile de discuter la lettre de M. Caillet lue au Corps législatif par M. le comte de Kératry. Quelle confiance, en effet, peut-on accorder aux faits et aux chiffres qu’elle contient ? Où son auteur les a-t-il puisés et comment en quatre ou cinq jours aura-t-il pu les vérifier ?