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Page:Chopin - De l’Elbe aux Balkans. 1929.djvu/158

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BELGRADE


Je viens de m’installer dans un compartiment où, une fois encore, je suis seul. Il me débarquera demain matin à Belgrade et je pourrai au moins prendre une bonne nuit de’sommeil. Le train roule à travers des paysages nocturnes dont je ne décèle absolument rien que, de loin en loin, la lumière attardée de quelque chaumière.

La frontière est toute proche et les formalités y sont assez rapides. Libre enfin, je m’étends sur la banquette et je m’endors…

Qu’est-ce ? Où suis-je ? Il me semble qu’on me secoue doucement, qu’on me tire légèrement. J’ouvre les yeux et je vois, baissé vers moi, un individu tenant à la main ma montre qu’il vient de sortir de mon gousset. Dès qu’il s’aperçoit de mon réveil, il lâche la montre et se jette dans le couloir. Je me précipite, sur ses pas *et le rejoins au moment où le contrôleur du train lui barre le passage.

L’esprit encore alourdi de sommeil, je raconte l’affaire à l’employé. L’individu, les yeux hagards fixés sur moi, se défend comme un beau diable.

— Vous vous trompez, monsieur, fait-il, si vous pensez que je voulais vous voler quelque