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Page:Chopin - De l’Elbe aux Balkans. 1929.djvu/159

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DE L’ELBE AUX BALKANS

chose. Je voulais seulement vous réveiller pour que vous me fassiez de la place.

— Drôle de façon de réveiller les gens, que de les tirer par leur chaîne de montre.

— Pas du tout, monsieur, comme je vous secouais, votre montre est sortie de votre poche, et je voulais l’y remettre… Je suis un honnête homme, monsieur… Vous n’avez qu’à chercher dans toutes vos poches et vous verrez que rien ne vous manque.

Je me fouille et je constate en effet qu’il ne m’a rien pris. Mes bagages, examinés à leur tour, sont intacts. Nous laissons donc partir mon individu qui, après avoir gagné le côté gauche du couloir, se dirige maintenant vers la droite, dans le sens de la marche du train. Il a déjà disparu quand, soudain, le contrôleur se ravise.

— Où a-t-il pu aller par là, fait-il, nous sommes ici dans le wagon de tête et le couloir est sans issue ?

Nous cherchons dans tous les compartiments, sous toutes les banquettes. Nous inspectons les moindres recoins et jusqu’aux cabinets. Personne.

— Voilà qui est fort, conclut le contrôleur, il a fallu qu’il descende en marche. Mais pourquoi, bon Dieu ! puisqu’il ne vous a rien volé ?

Ces paroles étaient à peine dites que, du compartiment voisin du mien, un voyageur sort effaré en criant : « Gosppdin Kondukteur ! Gospôdin Kondukteur ! » Et il montre la poche intérieure de son veston, soigneusement coupée, pendant comme une loque.

— J’avais là mon portefeuille, mon argent et tous mes papiers. On m’a tout pris. Je suis inspecteur de 1’enseignement et je n’ai même plus de quoi prouver mon identité aux directeurs des écoles que je dois inspecter.