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DE L’ELBE AUX BALKANS

on rase les vieilles demeures pour les remplacer par de vastes immeubles, ou bien on surélève les bâtiments assez solides pour supporter un surcroît d’étages. Malgré la cherté des matériaux, les architectes ne chôment guère. Dire que leurs cubes de béton armé dépourvus de tout ornement et de toute grâce n’enlèvent rien au charme de la vieille cité serait sans doute un incroyable paradoxe. Mais il faut être de son temps, et chez les Tchécoslovaques» comme chez presque tous les Slaves, on tient essentiellement à en être. On veut être et faire « moderne » à tout prix. Il est à craindre cependant que ce qui est « moderne » aujourd’hui ne le soit plus demain et qu’ainsi les formes qu’on imagine les plus avancées, bientôt surannées, ne laissent derrière elles rien de durable.

De telles pensées s’imposent au voyageur lorsqu’il parcourt les quartiers nombreux bâtis depuis dix ans. Villas» pavillons ou maisons de rapport se succèdent sans souci d’unité dans la conception, les plus récentes constructions différant totalement de leurs aînées. Et l’on se dit que cette poursuite acharnée de la "nouveauté bientôt périmée, si elle témoigne de la jeunesse active d’un peuple, ne saurait créer un style représentatif d’une nation. « Modernisme » et « mode » arrivent trop souvent à se confondre. La visite d’un de ces immenses parallélipipèdes produits par l’architecture praguoise d’aujourd’hui m’en offrit un exemple frappant.

Prague était à l’origine un des grands carrefours commerciaux de l’Europe centrale. Sa Cité est née du marché international qui se tenait dans la cour du Tyn. Il est donc tout naturel que, placée à la tête d’un Etat entreprenant, laborieux et riche en puissance, la ville ait» avec l’indépendance nationale, retrouvé son rôle de jadis. La