Page:Chopin et Sand - Lettres, éd. Sydow, Colfs-Chainaye et Chainaye.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

brûler sans la lire.[1] Fais-le, je t’en conjure sur notre amitié. Cette feuille est désormais inutile. Si Antek [Wodzinski] partait sans m’envoyer l’argent[2] ce serait bien polonais — mais n b : d’un polonais pas fameux ; pourtant ne lui dis rien. Tâche de voir Pleyel. Dis-lui que je n’ai reçu aucun mot de lui. Dis-lui aussi que son piano est en sûreté. Est-il d’accord pour l’arrangement que je lui ai proposé par écrit ?

J’ai reçu trois lettres à la fois des miens au moment où j’allais m’embarquer. Je t’en envoie encore une pour eux. Je te remercie pour l’aide cordiale que tu me dispenses à moi qui suis sans force. Embrasse Jeannot. Dis-lui que je ne me suis pas — ou plutôt qu’on ne m’a pas laissé saigner et que je porte des vésicatoires. Dis-lui aussi que je tousse peu, seulement le matin et que l’on ne me tient encore pas du tout pour tuberculeux. Je ne bois ni café ni vin, seulement du lait ; je m’habille chaudement et ressemble à une demoiselle.

Envoie l’argent le plus vite possible et mets-toi en rapports avec Grzymala.

Ton
Fr.
Ci-joint deux mots pour Antek.
J’écrirai demain à Grzymala.
  1. Certains biographes estiment qu’il s’agissait d’une sorte de testament.
  2. Antoine Wodzinski avait emprunté de l’argent à Chopin.