Page:Chopin et Sand - Lettres, éd. Sydow, Colfs-Chainaye et Chainaye.djvu/130

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rajeunit de quarante ans. Il va dans toute la ville prônant cette doctrine, et il me remercie de l’avoir initié. Il rêve de venir à Paris, rien que pour voir Leroux qu’il se reproche de n’avoir pas connu plus tôt. C’est un bien digne homme que ce docteur, je le quitte avec regret, mais j’ai besoin de retrouver une vie plus assise.

Je n’aime plus les voyages ou plutôt je ne suis plus dans les conditions où je pouvais les aimer, je ne suis plus garçon, une famille est singulièrement peu conciliable avec les déplacements fréquents. Je vous écrirai dès mon arrivée à Nohant, faites ma chérie que j’y trouve une lettre de vous.

63. — Frédéric Chopin à Albert Grzymala, à Paris.[1]

Marseille, le 21 mai 1839.

Mon Chéri, Nous partons demain pour Nohan[t] — un peu fatigués — La mer nous a éprouvés au retour de Gênes où nous avons passé quelques semaines tout tranquillement. Court repos à Marseille mais à Nohan[t] il sera plus long et nous t’attendrons là-bas avec impatience — moi j’en rêve — tu viendras, n’est-ce pas ? Ne fût-ce que pour 24 heures. Tu as certainement déjà oublié ta maladie. Mets, je t’en prie, la lettre pour les miens à la poste. Baise les mains à qui de droit et écris nous un petit mot à Nohan[t].

Ton
F. F. C.

  1. Cette lettre fait partie de la collection Alfred Cortot.