donner une idée de la lâcheté, de la mauvaise foi, de l’égoïsme, de la bêtise et de la méchanceté de cette race stupide, voleuse et dévote. Je crois que je ne pourrai jamais revoir la figure de Valdemosa. Enfin nous avons gagné Barcelone qui nous semble le paradis par comparaison. Nous avons voyagé sur le bateau à vapeur en compagnie de cent cochons dont l’odeur n’a pas contribué à guérir Chopin. Mais le pauvre enfant serait mort de spleen à Majorque et, à tout prix, il a fallu l’en faire sortir. Mon Dieu, si vous le connaissiez comme je le connais maintenant vous l’aimeriez encore davantage, chère amie. C’est un ange de douceur, de patience et de bonté.[1] Nous avons été transportés du bateau majorquin sur le brick français qui était dans le port. Le commandant de station est charmant pour nous, son navire est un salon pour l’élégance et la propreté. Le médecin du bâtiment a vu Chopin et m’a rassurée sur l’accident du crachement de sang qui durait encore et qui s’est arrêté enfin cette nuit à l’auberge. Il m’a dit que c’était une poitrine excessivement délicate mais qu’il n’y avait rien de désespérant, qu’avec du repos et des soins, il reprendrait bientôt sa petite santé. Nous allons passer ici une huitaine pour le reposer[2] après quoi nous irons par mer à Marseille. Là nous nous remet-
- ↑ Ceci vient à l’appui des arguments présentés dans notre note 61.
- ↑ Chopin cependant fit durant cette période une excursion en compagnie de George Sand et des enfants de celle-ci aux environs de Barcelone, à Arenys de Mar où ils furent les hôtes d’un gentilhomme de l’endroit nommé de Pastor y Campllonch. Ce dernier avait fait, pendant un séjour à Paris, la connaissance de la romancière chez Madame de Girardin. Le fils de ce noble espagnol, Joaquim, alors âgé de 23 ans, tenait son journal et ce curieux document a été édité en 1921 par Joseph Palomer. Voici la traduction des lignes relatives à la visite des deux