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en route

sueur, aiguisent leurs faux dans l’ombre courte d’un hangar.

À droite, des petits gamins, la mine moqueuse, grimpés dans les branches, pourchassent les cerises du bonhomme Lavigueur sous prétexte d’attraper un chat égaré… Plus loin encore, des bestiaux blancs et roux agitent leurs longues queues en ruminant, le poitrail appuyé paresseusement sur la clôture.

Ailleurs, perdus sur les côteaux, sous les pommiers des vergers, ici et là, des travailleurs fauchent en geignant han… han… des petites filles cueillent des framboises, des poules picorent dans les blés, sous les haies, autour des perrons, partout.

Je croise un bicycliste qui pédale à toute vitesse. Il est bien chanceux, lui. de descendre, me hennit Carillon en s’ébrouant.

Il fait beau et les cigales chantent, chantent…

Je songe encore ; je monologue en moi-même, l’esprit distrait, perdu, envolé au trot monotone de mon cheval. Je roule des plans de livre où je voudrais bien y mettre une phthisique comme héroïne, mais pas une phthisique comme les autres, ou encore introduire, bâtir un type de mon pays, une espèce de Tartarin ; ou peut-être