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Claude Paysan

Claude, lui, l’émotion l’avait empêché de le faire ; ses prières ne lui venaient que sans suite coupées par bribes à tout moment par des visions étranges qui l’emportaient dans des mondes inconnus… Et c’était de nouveau des sonneries de cloche et de fanfare qu’il entendait… Mais de loin… loin… derrière d’épaisses montagnes…………

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

… Et maintenant ils s’appartenaient pour toujours. Maîtres de la vie, serrés l’un contre l’autre, ils s’en allaient au hasard par des prairies odorantes de foin et de marguerites, par des sentiers d’ombre et de verdure…

— Par ici. Fernande…

— Par ici. Claude…

Et ils s’entraînaient comme des enfants dans d’autres sentiers, dans d’autres prairies où il y avait encore plus d’ombre, où les foins sentaient meilleur. Ils se rattrapaient des années perdues à ne s’être point parlé, se chuchotant des tendresses inouïes qu’ils se redisaient toujours sans jamais les répéter………

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

— Claude !… Claude !… appela très tendrement la mère Julienne… Claude !…

Celui-ci, comme égaré, ouvrit ses yeux où passa l’éclair subit d’une douleur surhumaine :

— Ah !… soupira-t-il avec un accent qui faisait mal à entendre et il retomba sur son oreiller.

Pauvre Claude… tout cela n’avait hélas ! été qu’un long rêve…