Page:Choquette - Claude Paysan, 1899.djvu/130

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Fernande attendait toujours qu’elle parlât, l’encourageant de sa parole et de son sourire pour la mettre à l’aise et l’amener à s’expliquer, mais vraiment la pauvre vieille ne le pouvait pas ; et, toute triste et honteuse, elle était déjà debout, se faufilait, se glissait vers la porte, se sentant ridicule et ayant, grande hâte de s’échapper.

Fernande, elle, voulait encore la retenir, intriguée de sa mine étrange et embarrassée…

Mais celle-ci, continuant de fuir : Non, vous viendrez vous-même plutôt… voulez-vous, mademoiselle ?

Et la mère Julienne, comme sortie d’une fournaise, s’était tout de suite sauvée en s’éventant de son grand mouchoir.

— Qu’est-ce qu’elle a donc ? s’était alors murmuré Fernande… Elle venait de remarquer l’expression triste et bouleversée de sa figure et elle en était restée troublée, elle aussi, se demandant quel pouvait être le drame secret qui se passait dans l’âme de la pauvre vieille… — Ce doit être à propos de Claude… Ceci lui était venu naturellement à l’esprit, car elle savait que les mères n’ont autant de peine que quand ça touche à leurs enfants… Lui aurait-il fait du chagrin ?… elle n’osait le croire, le sachant d’habitude si bon pour elle, si dévoué… Mais quoi alors ?… Pourquoi cet accablement douloureux ?…

À part ça, elle ne voyait rien… Peut-être parce qu’elle était pauvre ?… Mon Dieu, pourtant, elle devait bien savoir qu’on ne la laisserait jamais avoir de la misère…