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Claude Paysan

… Oui, sans doute, elle irait… Elle prendrait sa défense, s’il y avait lieu, contre qui que ce soit, contre tout le monde, contre Claude surtout s’il avait, osé la chagriner par sa faute… Une si bonne vieille mère, qui se sacrifiait constamment pour lui… Elle saurait bien la consoler… Elle l’amènerait plutôt avec elle… Mais au fond elle ne pouvait pas se résoudre à croire que Claude lui eut volontairement fait de la peine et son esprit cherchait toujours autre chose sans trouver.

Alors, dans sa hâte d’aller la consoler, elle s’était tout de suite acheminée, à grands pas, vers son humble chaumière.

Elle ne voulait pas tarder, lui laisser plus longtemps sur la conscience ce poids qu’elle se crevait capable d’enlever… Peut-être même que ce n’était que des imaginations de la pauvre vieille…

… En la voyant venir, la mère Julienne s’était de nouveau mise à trembler… Jamais elle ne trouverait les mots pour lui apprendre la passion folle de son fils, et elle regrettait maintenant de l’avoir invitée…

Mais, dès qu’elle la vit entrer, qu’elle reconnut sur sa figure le reflet si sympathique de la prévenante tendresse qui l’animait, elle lui sauta au cou dans un élan inconscient de son âme et se mit à pleurer comme un enfant sans rien dire, entre ses bras ; et ses larmes tombaient, coulaient pressées dans les rides de ses joues.

Fernande ne s’attendait pas à une telle explosion de douleur et elle restait toute interdite… Tous les raisonnements qu’elle avait préparés en route s’é-