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Claude Paysan
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sées sur le sol. Les gros grêlons, plus rapides, plus pressés, se précipitaient, se ruaient avec une haine folle de tout cribler et détruire. Les grains de blé, d’avoine, les pauvres petits grains dorés, tout trempés et salis de vase s’éparpillaient sous les coups répétés.

Et de leur beau champ, dont ils étaient si fiers, en un instant ravagé, haché par la grêle, ils n’en voyaient déjà plus que les pailles enfoncées dans la boue.

Ce déchaînement de la nature entière n’avait duré qu’un moment, mais il avait réussi à ravager le sol jusque dans ses racines ; comme un coup de faux terrible qui aurait tout rasé, coupé, haché… La moisson fauchée et battue dans un clin d’œil ; le sol labouré et prêt pour les prochaines semailles.

Déjà le calme revenait, un calme ironique et sans cœur. Les nuages fuyaient en se tordant sur eux-mêmes, lâchement ; et des rayons de soleil glauques, jaunâtres, bigarrés par les restes de vapeur qui flottaient, se hâtaient de venir éclairer ce désastre.

Les grêlons aussi ajoutaient des scintillements hypocrites comme pour mieux faire reluire cette sinistre dévastation de tout…

… Claude et sa mère, debout, immobiles sur le perron, cherchaient dans la lente tombée du jour à énumérer la longue suite de malheurs qui les avait tour à tour frappés. Il restait celui-là à ajouter…

… À la fin, sans aucune colère contre cet acharnement du destin, avec une douleur résignée plutôt, la vieille Julienne s’était mise à réciter tout bas son chapelet…