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Claude Paysan
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lentement, en grande charrette à ridelles, secoués par les rigoles et les nombreuses bosselures du terrain…

… En effet, puisqu’elle devait mourir… Ça lui était de nouveau venu tout de suite dans la tête, car depuis quelques jours elle réfléchissait qu’il n’y avait plus raison alors de tant fuir Claude… Il ne l’aimerait toujours pas si longtemps maintenant… Et puis quand bien même elle lui donnerait cette joie-là avant de s’en aller pour toujours. D’ailleurs peut-être qu’en la voyant si changée, si peu attirante à présent, il se détacherait.

— P’tit Louis ! appela-t-elle, en agitant son mouchoir… p’tit Louis !…

Elle n’osait pas s’adresser à Claude lui-même.

Et p’tit Louis était accouru au-devant d’elle en souriant :

— Voulez-vous monter en charrette avec nous ? demanda-t-il.

Comme elle hésitait à répondre. — À cause de Claude ? insistait p’tit Louis… Ah ! il sera bien content, allez… Et il l’amenait, débarrassant sous ses pas, comme pour une reine, le terrain des broussailles qui l’encombraient.

Claude, sans bien s’en apercevoir, avait retenu ses chevaux par une traction machinale des rênes et il restait immobile, tout saisi, avec l’allure d’un fauve qui cherche à fuir dans sa tanière.

Fernande, d’un air qu’elle tâchait de rendre naturel :

— Vous allez bien, monsieur Claude ?…