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Claude Paysan

Mais Claude, devenu muet, ne savait que répondre. Il y avait déjà plusieurs semaines qu’il ne l’avait point rencontrée et l’émotion de la revoir d’aussi près, surtout de la revoir si déplorablement pâlie, l’empêchait de parler ; mais ses yeux suffisaient seuls à exprimer tout ce qu’il ressentait.

— C’est mademoiselle Fernande qui désire venir avec nous ; veux-tu, Claude ? demandait p’tit Louis.

S’il le voulait…

… Il ne disait pas grand’chose, Claude ; la secousse qui l’agitait était trop forte et trop imprévue et, malgré ses efforts pour donner une autre expression à sa figure, c’était toujours une profonde et douloureuse surprise qu’elle indiquait.

En même temps, l’idée seule que Fernande pouvait deviner sa passion le troublait auprès d’elle et lui faisait fuir son regard. Mais à celle-ci au contraire, assise sans façon comme une vraie paysanne dans le lourd chariot à foin, son ancien sourire joyeux était tout à fait revenu. Elle parlait vite, interrogeait Claude, s’informant de mille choses indifférentes, gaiement…

Et p’tit Louis qui les écoutait en les regardant drôlement tous les deux l’un après l’autre, riait en lui-même avec un air de s’amuser beaucoup.

… Ça lui faisait du bien, disait-elle à Claude, ces promenades à travers les champs, dans l’odeur des trèfles et des foins, et elle se sentait toujours mieux après.

On le voyait bien qu’elle se trouvait mieux ensuite,