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Claude Paysan
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car déjà ses joues et ses lèvres se coloraient légèrement en parlant, ses yeux devenaient plus brillants, son cœur battait plus fort ; Claude qui le remarquait sentait petit à petit son malaise l’abandonner aussi lui.

… Ils s’en allaient lentement à l’aventure par des grands détours impossibles que les chevaux faisaient sans savoir et qui allongeaient indéfiniment la route. Claude avait abandonné les rênes et laissait aller.

Fernande lui parlait maintenant avec plus de sérieux dans le timbre sympathique de sa voix ; elle pesait longuement chacune de ses paroles, et des fois elle s’arrêtait tout à coup comme sur un rebord d’abîme. Lui, au contraire, souriait doucement en l’écoutant.

Il éprouvait un envahissement étrange de lui-même, quelque chose d’inconnu et de triste qu’il n’avait jamais ressenti et qui ne l’empêchait pas cependant d’être heureux jusque dans le fond de l’âme.

Dans l’échange de leur conversation, il ne lui répondait que par petits mots brefs, avec un air de lui demander à chaque parole ce qu’elle en pensait. Au fond il aimait mieux écouter sa voix.

Et, Fernande qui s’en apercevait lui disait une foule de choses, comme aux enfants pour les distraire et les égayer. Elle pensait bien aussi à le remercier du bon regard de sympathie qu’il lui avait donné le soir où sa voix s’était brisée en chantant dans l’église ; c’est vrai qu’en retour elle le lui avait bien rendu et il devait alors avoir compris. Mais rappeler ce souvenir, c’était justement éveiller dans le cœur de Claude des