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XLI


…Un mois plus tard, au commencement d’août.

— Non, va, je suis au contraire plus forte, disait Fernande à sa mère qui insistait pour la retenir à la maison ; c’est tout près d’ailleurs, chez la mère Julienne, et il y a longtemps que je ne l’ai point vue, la pauvre vieille.

Au fond, elle pensait un peu à Claude.

… En effet, oui, c’était bien près, mais, mon Dieu, qu’elle trouvait ça loin… elle n’arrivait plus…

Sous prétexte de cueillir des fleurs, elle s’arrêtait sous l’ombre des arbres du chemin, s’appuyait longuement aux perches des clôtures. Elle faisait mine de s’intéresser à différentes choses insignifiantes, déjà cent fois revues, pour se donner occasion de se répéter ou de marcher moins vite.

Et une fois rendue, elle ne pouvait presque plus parler, tant sa poitrine haletait péniblement ; avec cette angoisse de plus que lui apportait l’expression navrée que la vieille Julienne avait prise à son aspect et qu’elle lisait sur sa figure stupéfaite.

À la fin, comme celle-ci conservait toujours sa même physionomie de détresse, Fernande, presque contrariée, lui disait en reprochant : Mais je ne suis pas malade tant que ça ; c’est la grande chaleur et la poussière de la route qui m’ont un peu fatiguée…