Page:Choquette - Claude Paysan, 1899.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


XLII


Écrit dans le cahier de couvent de Fernande, le dix-sept août :

« Il fait vraiment trop beau pour être malade et il me semble que Dieu n’est pas bon de ne point m’accorder ma part des joies et des allégresses qu’il répand dans l’air. Il me faut aujourd’hui rassembler tous mes restes d’énergie pour me tenir seulement debout.

« Dans ces derniers temps, un regain de vigueur m’avait prise ; je me sentais moins haletante, moins facilement rendue à bout. Mais hier, mais aujourd’hui, le moindre effort m’abat, et je tousse, je tousse…

« Il y avait même du sang ce matin dans mon mouchoir, et je l’ai vite caché… cela ferait tant de chagrin à ma mère si elle le savait… C’est donc ça que le docteur me demandait si souvent… Ce doit être mauvais signe et j’ai peur…

« Oui, j’ai peur maintenant, car j’ai beau combattre, je m’aperçois que mes forces faiblissent de plus en plus.

« Hier, sans le dire à personne, j’ai essayé de me rendre encore auprès de notre vieille Julienne, mais je n’en ai pas été capable ; je n’ai pu qu’atteindre les grands arbres à l’extrémité du jardin, à quelques pas