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XLVII


Écrit dans le cahier de Fernande, un des premiers jours de septembre.

« C’est bien fini, tout-à-fait fini cette fois, et je ne veux plus espérer, car je le sens maintenant, sans le savoir, sans même m’en douter, j’espérais encore.

« Mais depuis quelques jours, je souffre tant, et de mon mal et de vouloir n’en rien laisser paraître devant ma mère, que je craignais de ne pouvoir résister jusqu’au bout sans me trahir… On est si vite dompté par les souffrances.

« Et, aujourd’hui, j’ai demandé au docteur, pendant que nous étions seuls, de me dire franchement si ce devait être long encore. Il est resté tout interdit d’abord, puis il m’a regardé fixement dans les yeux, longuement, pour deviner si j’étais sincère, je suppose. Il a dû lire jusqu’au fond de mon âme, car avec une pitié douce : Eh ? bien, oui, vous aurez la force de résister, ce ne sera pas long, m’a-t-il dit, en me pressant les mains comme pour adoucir la peine qu’il craignait probablement de me causer.

« Sa réponse au contraire m’a presque fait plaisir et je l’ai remercié de sa franchise. Il me semble que je vais y trouver un regain d’énergie pour lutter jusqu’à la fin contre les douleurs que j’éprouve continuellement dans toute la poitrine.