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Claude Paysan
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« Je demande cependant de ne point succomber à quelqu’hémorragie, c’est trop affreux, et ceci me fait trembler de peur pour ma mère et pour moi.

« Je voudrais mourir avec une lucidité complète d’esprit, tout doucement, comme on s’endort le soir ; je voudrais avoir le temps auparavant d’embrasser ma mère… la pauvre vieille Julienne…

« À Claude aussi, j’aimerais à dire adieu… Il y a déjà longtemps que je ne l’ai point vu, ce Claude… Pourquoi ne vient-il pas ?… Ça me ferait plaisir de le revoir… des fois j’ai des envies de le lui faire dire… Je suis contente maintenant qu’il m’ait aimée, et je voudrais même qu’il me regrettât toujours.

« Ce n’est pas généreux de ma part ce que j’écris là, je le sais bien, et pourtant, si je disais le contraire, je mentirais…

« Oui, combien longtemps pensera-t-il à moi ?… que fera-t-il, ensuite ?… les hommes oublient si vite d’ordinaire… Mais il me semble que celui-là ne fera pas comme les autres, puisqu’il n’a pas aimé comme les autres… Moi, si je devais vivre… je…

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« En effet, le docteur disait bien l’autre jour à ma mère — il croyait que je ne l’entendais pas — qu’il en avait vu souvent de plus malades que moi qui étaient revenus à la santé… Moi-même j’en ai connu de mes amies qui avaient longtemps souffert de la poitrine et qui cependant ne sont pas mortes…

« C’est vrai que ce matin, quand je lui ai demandé

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