Page:Choquette - Claude Paysan, 1899.djvu/220

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L


Tout était silencieux dans le petit logis.

En bas, la pauvre vieille Julienne dormait dans son lit à rideaux blancs ; sous la table, Gardien, roulé en boule, le museau entre ses grosses pattes, secouait la queue de temps en temps en rêvant. Les mouches aussi, immobiles, collées aux murs, au plafond, paraissaient comme mortes…

Claude, lui, veillait…

Il veillait de ce demi-éveil où l’esprit est encore totalement lucide, mais où les mouvements inconscients du corps semblent plutôt participer du sommeil.

Comme sans savoir, il avait pris dans un vieux meuble quelques lettres — toutes de Jacques probablement — puis, d’une des enveloppes, il avait retiré deux fleurs, deux humbles marguerites champêtres à teintes jaune et blanche, toutes fraîches encore comparativement au bouquet fané, séché, sans parfum, presque sans pétales maintenant, qu’il persistait toujours à conserver dans sa chambre.

Il les avait étalées devant lui comme des petites choses indifférentes, pour s’amuser avec ; et il les examinait en les touchant délicatement du doigt, les humait, les retournait, soufflait dessus légèrement, pour voir, pour en agiter les pétales, pour rien…

… Il lui avait semblé tout-à-coup entendre du