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Claude Paysan
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C’était la seconde fois qu’il entendait siffler cette moquerie à ses oreilles et il devint très pâle. Ayant conscience qu’on le regardait, il tentait néanmoins de continuer à causer, assez indifférent en apparence.

… Au contraire, il y pensait beaucoup à Fernande en lui-même, et c’était justement parce qu’il y pensait qu’il s’était jeté avec tant de résolution dans le bal, avec le désir secret d’afficher une joie exubérante par esprit de bravade. L’on soupçonnerait bien alors que son cœur était très libre puisqu’il feindrait de l’offrir à qui le voudrait, peut-être à Sophie, à Toinette, peut-être à Julie…

Et ils continuèrent de se parler longtemps tous les deux, malgré les racleries des violons, les airs de romances chantonnées à mi-voix. Lui, paraissait l’écouter avec intérêt ; elle se tenait toujours penchée sous son regard, la tête appuyée sur la main.

… On en avait assez maintenant des danses et pour se reposer, pour soulager en même temps les violonnaires, on commença les chansons, toutes les vieilles et mélancoliques chansons du pays. Quelques-unes, reprises en chœur : « La belle Françoise. » « Un canadien errant, » « Malborough s’en va-t-en guerre », produisirent un effet très imposant.

Deux ou trois très vieux qu’on avait sollicités pour leur faire honneur, peut-être pour s’amuser aussi un peu de leurs voix chevrotantes, chantèrent ensuite d’anciens refrains de circonstance, des pasquinades rimées d’autrefois, encore très drôles, ou des airs patriotiques retenus de trente-sept. Les autres écoutaient avec respect, cherchant à comprendre le sens