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Claude Paysan

deux chemises bien pressées l’une sur l’autre, mis dans un coin son chapeau de feutre neuf rempli de mouchoirs et de bas de laine grise pour mieux en protéger ainsi la forme. Certaines choses, jugées inutiles ou trop encombrantes, il les disposait à côté, sur une chaise, pour en faire don à Claude.

Quand il eut tout empilé, entassé les derniers en ordre les objets qu’il prévoyait plus utiles en route, il se jeta tout habillé sur son lit pour dormir son dernier sommeil au pays.

En s’éveillant le lendemain matin, il ne réalisa pas bien tout de suite ce qui lui était arrivé. Il avait si promptement la veille résolu de partir. Mais bientôt le désordre de sa chambre, sa malle, dont la toile cirée était tendue à se déchirer, encore entrebâillée auprès de lui, tout cet ensemble de choses qui annoncent le départ, le rappela vite à lui-même. Il eut un soupir douloureux, et en même temps descendit devant ses yeux tout à coup humides, comme un voile de fumée grise qui l’empêcha de voir.

Ceci ne dura qu’un moment. Ayant passé sa main sur ses paupières pour chasser cette fumée, il distingua de nouveau et sa mallette de rien du tout couchée par terre, et l’endroit nu du mur où il suspendait ses hardes et encore, comme en songe, quelqu’un de très loin qui l’examinait avec des yeux qui paraissaient vouloir pleurer eux aussi. Et il lui vint un nouveau soupir.

Puis, il regarda par sa fenêtre…

Oh ! oui, il faisait trop beau. Il avait imaginé pour son départ un jour gris, triste, avec des grands