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et de réflexions habiles, retenus jusqu’au retour de son maître.

— « C’est le petit Labonté, le garçon du voisin, qui vous a apporté ce billet, » ajouta-t-elle.

— « Un grand jeune homme, à moustache blonde, ce Lucas de Beaumont, n’est-ce-pas ? »

— « Non, il est plutôt brun ; c’est son frère qui est blond. »

— « N’est-il pas un buveur ? »

— « Oui, par malheur… L’excellente petite femme qu’il a pourtant… et son pauvre père, si droit, si brave homme. »

Le docteur jeta un rapide coup d’œil par la fenêtre. Le soleil resplendissait. Non, il ne prendrait point par la grande route ; il faisait vraiment trop beau pour laisser échapper cette chance de respirer à l’aise les parfums des grains coupés et des sapins de la montagne, et c’est à pied qu’il irait, à travers les champs et les coteaux, par un sentier de raccourci bien connu. Et tout en faisant ses préparatifs de départ, il interpella à haute voix :

— « Ne m’accompagnes-tu point, Jacqueline ? »

Une voix de jeune fille répondit d’une pièce voisine :

— « J’irai bien, père… À quel endroit ? »

— « Oh ! non, va. Je voulais simplement te taquiner. C’est que je pars à pied… je ne te croyais point si courageuse… Allons, bonjour… Je vais te tracer la route aujourd’hui.

Il prit sa trousse de poche, plus portative, sa canne, et se mit en marche.