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Page:Choquette - La Terre, 1916.djvu/100

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pas ?… — Il avait dit « notre » signifiant qu’il voulait prendre sa part de l’évènement et faire durer entre eux le rapprochement que les circonstances lui avaient alors fourni pour la première fois.

Et Jacqueline, comme si elle eut poursuivi un simple prolongement d’idées, approuva :

— « Oui, vraiment affreux… On a beau s’y attendre, ces morts foudroyantes bouleversent toujours, car, selon que vous l’avez vous-même confirmé, paraît-il, mon père avait depuis longtemps prévu que le cœur finirait quelque jour par faillir brusquement chez cette « pauvre vieille ».

Verneuil n’ébaucha de la tête qu’un geste imperceptible d’acquiescement, un geste que son air toutefois démentait, et il resta muet, dans l’attitude de quelqu’un qui a oublié l’objet de sa visite ou perdu le fil de la conversation en cours.

— « Non ? ce n’est pas votre avis que ce soit le cœur ? » interrogea Jacqueline en cherchant à deviner le motif de sa réticence subite.

Verneuil dût faire un retour sur lui-même pour se retrouver ; et revenant de loin, il reprit : « Alors votre père n’a pas été surpris ?… Je le trouve chanceux d’avoir été absent en cette circonstance… J’aurais moi-même souhaité d’être à l’autre bout du monde, afin d’échapper à ce malheureux cas. » Il s’arrêta un instant et fixant ses yeux dans ceux de Jacqueline comme pour se rendre compte s’il n’allait pas cette fois dépasser le but : — « Lui avez-vous décrit les symptômes ?… l’horreur de cet œil sans pupille ? » Et voulant tout de suite éviter sa réponse et l’en-