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Page:Choquette - La Terre, 1916.djvu/146

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que celles des labours, des semailles, des moissons, du battage du grain, du charroyage du bois.

Chez le vieux de Beaumont d’ailleurs, l’âpre amour de ces choses était demeuré plus vivace que chez d’autres, car il se plaisait à voir dans la personne de son fils comme un prolongement de lui-même appliqué à remuer la même vieille terre natale.

À petits pas appuyés il avait traversé le village : puis machinalement il s’était dirigé vers le remblai élevé du chemin de fer afin de pouvoir embrasser à l’aise l’étendue paisible des champs. Partout les moissonneurs, aiguillonnés par la menace de l’orage, étaient à l’œuvre. Des cris pressés de commandement se croisaient au loin et l’on voyait de tous côtés, sous la poussée des fourches, jaillir et s’abattre les veillottes de foin entre les bras puissants des chargeurs.

Un seul champ restait morne : celui de Lucas. Le vieux de Beaumont en éprouva un serrement subit au cœur.

— « Du si beau foin… et lui qui en aurait si grand besoin pourtant, » murmura-t-il en ramassant dans un soupir toute une perspective de misères entrevues.

Doucement, il enjamba la clôture et prit à travers les champs.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Cela avait été bientôt convenu entre eux, car Marcelle avait pareillement, depuis le matin, épié le ciel avec angoisse.

— « Oui, elle en aurait certainement la force, » lui avait-elle soutenu avec assurance. « Cela l’amuse-