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Page:Choquette - La Terre, 1916.djvu/185

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Est-ce bien vrai que vous refusez ?… il se glissa au dehors.

Désemparé, atteint jusqu’à l’âme par l’implacable rebuffade qu’il venait d’éprouver, il était retourné à son attelage abandonné au rebord de la route. Sans se décider à aucun parti, il était resté accoudé au timon de la charrette, le regard perdu dans les étoiles, comme si le secours désiré ne pouvait plus lui venir que de là.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Oh ! les tristes heures, les minutes atroces pour les mères, que celles dont les secondes sont rythmées non sur le balancement monotone de la pendule, mais sur le halètement précipité d’une poitrine d’enfant. Combien de temps cette vaine chasse au médecin avait-elle duré ? Une heure peut-être, deux au plus, et cependant elle avait paru interminable à l’esprit de Marcelle. Aussi s’était-elle redressée, délivrée subitement d’un poids qui lui broyait les épaules, en entendant le pas connu de Lucas sur le perron. Elle s’était précipitée à sa rencontre, mais s’apercevant que personne ne l’accompagnait :

— « Seul ? Tu es seul… Et le docteur ? » s’exclama-t-elle dans un sanglot étouffé qui lui avait brisé la voix.

— « Absent » avait sourdement répondu Lucas, en cherchant tout de suite d’un regard craintif à deviner l’état de son enfant.

L’espoir d’un secours efficace avait jusque-là seul soutenu le courage de Marcelle. Si, dans l’horreur de la nuit, penchée sur le souffle saccadé de son en-