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Page:Choquette - La Terre, 1916.djvu/189

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seulement, un geste implacable de la main et des épaules comme pour dire : — « Ne m’interroge point » et assourdissant ses pas il avait disparu par la porte de sortie. En entendant aussitôt sous la fenêtre un roulement rapide de roues qui s’éloignait, Marcelle comprit, et de nouveau elle se sentit plus forte. C’était bien vers le village, en effet, que Lucas retournait.

Allait-il éprouver un nouveau refus ? Verneuil affichera-t-il sa même dureté sauvage ? Non, Lucas s’était disposé à le supplier si humblement, cette fois, à lui offrir jusqu’aux pauvres gros sous de son enfant, s’il le fallait, qu’il saurait bien l’attendrir. Mais à mesure qu’il approchait, sa détermination de vaincre prenait une autre forme, se raffermissait en s’appuyant sur d’autres motifs… Eh ! quoi, n’est-ce pas, personne n’a le droit de laisser sous ses yeux périr un enfant sans le secourir !

C’est le tintement douloureux de ces naïves petites pièces, presque volées, qui par-dessus tout le poursuivait et l’aigrissait. Et lorsqu’il sauta de voiture pour tenter un nouvel appel, il sentit dans sa poitrine son souffle frémir comme dans un halètement de lutte…

Peut-être pour reculer le moment décisif ; peut-être simplement pour deviner d’avance, à l’expression seule de la figure, la réponse qu’il allait recevoir, Lucas était resté debout à l’entrée de l’officine et, sitôt que Verneuil eut lui-même paru, il n’avait attaché sur lui qu’un regard tenace, et pénétrant, chargé de toute l’ardeur de l’appel qu’il apportait.

Verneuil comprit sans doute la portée de ce regard,