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Page:Choquette - La Terre, 1916.djvu/190

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car il répliqua tout de suite comme à une interrogation véritable :

— « Je vous ai pourtant déjà formellement déclaré, de Beaumont, que je n’irais point », et il fit le geste insultant de clore la porte.

Sans bouger, Lucas reprit d’un ton glacé, quoique très doux :

— « Verneuil, par pitié pour mon enfant, je vous demande de venir… Je le demande aussi pour vous, Verneuil, pour vous » répéta-t-il comme sous l’empire d’une résolution inflexible… « J’ai réfléchi en route. On ne laisse pas s’accomplir ce que vous projetez d’accomplir… »

— « Sont-ce des menaces ?… Voyons, auriez-vous l’insolence d’ajouter des menaces ? » répliqua Verneuil avec arrogance.

— « Non, ce ne sont point des menaces ; je n’ai ni le temps ni le cœur d’en faire. C’est un arrêt… Ce ton ne vous plaît pas, je vois ?… »

— « Non, et je ne le tolérerai certainement point. »

— « Vous me voudriez bien humble et bien rampant ? … Mon Dieu ! j’y étais prêt à ce rôle… prêt à me jeter à vos pieds… Je vous aurais donné cette joie froide de me piétiner ; j’aurais tout enduré, car il est bien des humiliations qu’un père peut subir sans s’abaisser… mais tout de suite cette rebuffade que vous me jetez de nouveau au visage… Je pensais que depuis tantôt vous auriez réfléchi, vous aussi, Verneuil. »

— « Allons, à quoi bon parlementer inutilement ? » reprit ce dernier.