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Page:Choquette - La Terre, 1916.djvu/250

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duperies des hommes et des choses, et je vous affirme que cet homme vous trompe.

— « Oui… oui — très bien », volèrent dans la salle.

« Il est vrai que je n’ai encore pénétré les questions qui vous agitent qu’avec mon cœur, mais je me réjouis de constater tout de suite une réprobation de la prétendue politique nationale que cet homme vous a exposée ce soir — en vous offrant de déserter le sol natal — par l’absence elle-même de tout candidat officiel et dans sa propre gêne à déclarer qui il représente en cette circonstance.

« Votre place est ici avant tout, et non dans les villes que l’industrie et le commerce gouvernent. Et si par hasard, dans nos vieilles paroisses du Richelieu, il est des jeunes hommes robustes et courageux qui trouvent le sol trop cher pour la valeur de leurs bourses, ou trop étroit pour la valeur de leurs bras, qu’ils aillent bâtir leurs foyers dans nos riches régions vierges. La terre maternelle et toujours féconde de Québec n’a rien à envier aux pays les plus fortunés. Et ce serait une aberration que d’accepter l’étrange déracinement — aussi amer pour l’homme que pour l’arbre — que l’on vous a proposé tantôt.

— Très-bien… très-bien… » et cette fois Yves avait reconnu la voix émue de Isa.

« D’ailleurs, en vous donnant cet avis, jeunes hommes de mon pays, je ne suis pas animé du seul souci d’assurer votre bien-être et votre prospérité, je sens que je suis entraîné par une aspiration plus large et plus haute : celle d’assurer à la fois la survivance de notre pauvre province française en l’appuyant… en