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Page:Choquette - La Terre, 1916.djvu/254

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XXXIV


Et pourtant combien Jacqueline l’aimait au fond.

Malgré la diplomatie et la défiance sans cesse surveillée où elle s’enveloppait, elle ne pouvait entièrement cacher les élans de tendresse qui venaient l’accabler jusque dans la solitude morale où elle s’appliquait à renfermer son cœur. Et cette souffrance contenue, qui s’attachait ainsi à ses pas comme une entrave, s’exagérait encore de la cuisante pitié qu’elle nourrissait.

Si alors il faisait beau temps, si le soleil saupoudrait sa séduisante poussière d’or sur la crête des pommiers et des rochers de la Montagne, elle partait au hasard, par besoin apparent de s’agiter, humer l’air, mais en réalité pour sentir de plus près la présence de Yves. Par des méandres agrestes, qui serpentaient sous les arbres, enjambaient bizarrement d’un verger à l’autre, mais finissaient toujours par