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qu’il lui avait tenu le même langage, fait part des mêmes rêves de succès, soumis les mêmes motifs. N’était-ce pas aussi avec ce regard et ce geste d’assurance qu’il avait défié l’avenir et l’inconnu lointain ?

Et alors, devant cette résurrection inattendue de sa propre jeunesse, aucune amertume quelconque n’avait traversé son esprit. Ce fut même avec des mots de sincère encouragement et de sympathique confraternité qu’il fit la reconduite à son prochain rival.

— « Aie ! Jacqueline, » s’empressa d’appeler à mi-voix le docteur Duvert, dès que Léon Verneuil eut descendu le perron… « Accours donc voir « notre » nouveau concurrent… »

— « Quel concurrent ? » lui jeta aussitôt Jacqueline avec une expression de figure à la fois ébahie et divinatrice.

— « Vite, ici, que je te présente ton futur rival en médecine » reprit-il moqueur, en écartant en hâte de la fenêtre les rideaux afin de lui montrer le jeune homme qui, à grands pas fiers et retentissants, contournait déjà le coin de rue voisin.

Il n’était vraiment pas mal de sa personne ce Léon Verneuil. Grand, brun, l’air distingué, malgré un regard dur et pénétrant qui donnait à sa figure une physionomie quelque peu étrange. Il avait fait ses lettres au collège de Rigaud, ses sciences ailleurs, puis finalement puisé sa formation médicale à l’Université McGill.

— « Pourquoi McGill plutôt que Laval ? » lui avait tout de suite demandé le docteur Duvert.