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— « Eh ! mon Dieu, parce qu’on y virilise mieux les caractères, paraît-il », lui avait en souriant répliqué Verneuil ; « parce que l’haleine et l’endurance que l’on acquiert au maniement du hockey et de la foot-ball, se déteignent, plus tard, sur l’âme, en souffle et en ténacité… N’est-ce pas un peu votre avis ? »

Non, cela n’avait jamais été son avis, au docteur Duvert : Il en avait au contraire toujours voulu à ce brutal et faux système d’enseignement saxon qui, à son sens, s’ingéniait de plus en plus à sacrifier aux jeux les heures de vaillance et d’ardeur du jeune homme et ne lui réservait pour l’étude que des membres meurtris et des muscles épuisés. Il ne répondit rien. Pourtant un doute vague pénétrait dans son esprit. La justesse des assertions qu’il venait d’entendre ne se révélait-elle point dans la manière mesurée de Verneuil, dans ses calculs d’avenir mûrement arrêtés ? N’est-ce pas vrai que chez lui le caractère, à l’égal des muscles, semble prêt pour la lutte de la vie et qu’il y a dans ce regard, qui fouille bien loin et tout droit devant lui, l’habitude du joueur entraîné à ne point lancer la balle à côté du but ?

Non. Léon Verneuil ne déplut nullement au docteur Duvert.

Par contre, pourquoi Jacqueline, dans la rapide et fuyante vision qu’elle en avait eue, avait-elle éprouvé à son sujet une subite impression d’antipathie ? Peut-être à cause du qualificatif, embué tout de suite d’antagonisme dans son esprit, par lequel son père venait de lui désigner : « notre concurrent » ; peut-être à cause d’une de ces intimes et inexplicables