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Page:Choquette - Les Ribaud, 1898.djvu/341

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Les Ribaud

coup de canon de midi retentit avec un bruit de provocation insolente. Il s’arrête effaré, comme s’il eut reçu le boulet en pleine poitrine et sa double fierté de Français et de patriote se réveille.

Le fracas de la détonation qui gronde autour de lui en échos bondissants ravive son vieil orgueil de race, ses oreilles bourdonnent, le vertige le roule dans un nuage où il entend tout son passé d’honneur indomptable et rigide lui crier des apostrophes qui l’écrasent, et le clouent sur place.

D’une main il se cramponne à un arbre du trottoir, de l’autre, un instant brandie dans un geste de défi et de mépris vers le Fort, il appuie son front baissé. Il parle et on l’entend qui se dit, toute son ardeur passionnée dans la voix : je n’irai pas, non, je n’irai pas.