ſur ce point que nous, puiſqu’ils priſoient plus
la beauté que les richeſſes. Mais revenons à ce
que tu avois à me dire de Cornélie, & de ſa
ſœur Iſabelle.
Oui, je le veux. Tu ſais que Cornélie, ta couſine, fut mariée à dix-neuf ans, à Gordien, jeune homme fort robuſte, & de l’âge de trente ans ; & qu’Iſabelle ſa ſœur fut donnée à quinze ans à Remond, qui en avoit vingt-cinq. Cornélie, ainſi que je t’ai déja dit, eſt blanche comme un lys, & Iſabelle tout-à-fait brune. Eh bien, la premiere nuit de leurs noces, elles ne mériterent pas la même louange pour le débat. Cornélie fut dépucelée ſans grand travail ; & avec cela elle ne put faire que trois courſes avec ſon mari ; elle fut laſſe à la quatrieme : & Gordien, qui alla juſqu’à la neuvieme, la trouva pour lors ſans mouvement, & à demi-morte. Iſabelle, qui avoit tout appris, l’en railla le matin le plus agréablement du monde. Eh quoi ! lui dit-elle en riant, tu n’en peux plus, ma pauvre enfant ! il ſemble que tu ſortes du tombeau. Ah, Iſabelle ! reprit Cornélie, ſi tu avois eu autant à ſouffrir que moi, tu ſerois peut-être autant fatiguée : je n’ai pas fermé l’œil de toute la nuit.