Page:Chouinard - Histoire de la paroisse de Saint-Joseph de Carleton (1755-1906), 1906.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 62 —

Cascapédiac 147, À Rivière l’Anguille, sur la rive sud de la Baie, 160. Les protestants étaient repartis comme suit : Carleton, 8 ; Cascapédiac, 39 ; Ristigouche, 140 ; Rivière l’Anguille, 8. Total 192.

Après huit années de longues et pénibles missions, M. Painchaud pouvait espérer recevoir de son évêque une récompense bien méritée. Aussi fut-il promus à l’importante cure de Sainte-Anne de la Pocatière. Le 18 août 1814, il quittait la paroisse de Carleton et ses autres missions. Ce ne fut pas sans un grand serrement de cœur et des larmes dans la voie qu’il fit ses adieux à ses chers paroissiens de Carleton. Il y laissait d’ailleurs, outre un souvenir impérissable, des frères et des sœurs chéris, qui avaient partagé ses épreuves et ses dangers.

Monté sur son « Trois-Mille-Clous », petit bâtiment qu’il avait fait construire pour les besoins de ses missions et qu’il avait ainsi nommé à cause du nombre de clous entrés dans sa construction, et conduit par le capitaine Isaie Boudreau de Carleton, navigateur expérimenté et très prudent, il cotoya toute la Gaspésie sans craindre les dangers d’une pareille navigation, sur une embarcation aussi frêle et impropre à affronter la haute mer.

Il a laissé une relation des péripéties de son voyage, rendu célèbre pour avoir fait cesser la légende du « Braillard de la Madeleine ».

Un jour qu’il se trouvait retenu à cet endroit par la tempête, dit son biographe, il fut à même d’entendre les plaintes et les cris du « braillard ». Voyant l’effarement des gens, il eut comme une inspiration subite que ces lamentations devaient provenir de quelque cause physique ordinaire. Comme il était brave, il dit à ceux qui l’entouraient : « Laissez-moi aller seul dans la direction du « braillard » et je vous promets que je vais l’apaiser ». Il mit une hache à la ceinture de sa soutane et s’enfonça dans la forêt. Plus