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AUX RAYONS D’UN BONHEUR ANTICIPÉ

sociabilité campagnarde ne s’accuse avec plus d’intensité et de sincérité qu’aux fêtes de Noël et du nouvel An. Cette année-là, Jean et sa mère, qui en tout autre temps n’auraient été qu’à peine remarqués, furent l’objet de maintes distractions durant la messe de nuit, où tant de belles choses religieuses, de chants pieux parlant aux cœurs vieux ou jeunes, n’empêchaient que péniblement des regards furtifs de s’attarder autour de la pelisse neuve et du joli garçon. Sans doute, sans doute, la foi et la piété l’emportèrent finalement, pour le bien des âmes, sur ces tentations du siècle ; mais ce fut pour mieux autoriser ensuite la relâche des esprits et des verbes, lorsqu’au sortir de l’office, un hasard des plus opportuns rapprocha le couple Pèlerin du groupe Brillant, au milieu duquel la jeune Esther revenue de son couvent faisait le point de mire des civilités villageoises. Or, lorsqu’on s’entend, on est plus communicatif. En cette nuit de Noël, voyez-vous, les âmes toutes vibrantes aux plus beaux sentiments de la vie se font plus généreuses