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LE CARNAVAL AU VILLAGE

rejoindre ses parents et d’entrer chez elle, le savait un peu qu’elle était charmante.

Dans l’après-midi, Jean et ses amis ne laissèrent pas d’aller présenter leurs hommages à monsieur le curé. Le bon vieillard les reçut avec un enjouement qui lui faisait oublier les fatigues de son ministère. Il ne voulut pas se soustraire à l’ambiance joviale qui mettait le rire sur toutes les lèvres, et dans cette journée où tous ses paroissiens lui paraissaient si heureux de vivre la vie canadienne, il trouvait l’occasion belle de taquiner spirituellement Émile Dupin sur sa définition trop prosaïque de la patrie. Il ne l’avait pas oubliée. Il s’y amusa davantage quand Hector, à l’esprit si caustique, seconda sa partie, avec grand plaisir de contrarier son ami.

— « Ne parlons pas de ces Américains, monsieur le curé », lui dit-il. « Ce sont des cosmopolites, comme les Juifs. Ils vivent sur des chemins de fer, l’âme à l’usine et l’esprit dans les banques. C’est du reste un peu comme cela chez nous, dans l’ouest. Nous ne connaissons guère