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LE CARNAVAL AU VILLAGE

rable, qui fut appelé à faire la part d’un chacun, sans oublier « la part de Dieu », destinée au premier indigent venu, le lendemain matin, suppliant et souffreteux, à la porte de service.

C’est lui qui sans le savoir, avec tout le sérieux de la Ligue des nations tranchant dans la carte d’Europe, va aussi trancher dans cette miche affriolante recélant le symbole d’une royauté aléatoire, factice et d’un seul jour, mais pouvant avoir son influence sur la destinée de ceux qui s’en amusent.

Avec la large lame bien affûtée, dont la ménagère a récemment ravivé tout l’éclat, d’un grand geste solennel, il divise le gâteau et distribue les parts égales de cette pâte légère qui s’en vont de mains en mains garnir le pourtour de la longue tablée, sous les yeux rieurs et intéressés des nombreux convives.

Prenez garde, monsieur le curé, que le sort envieux au service d’un petit dieu malin ne vous fasse, de votre grand geste solennel et joyeux, trancher ainsi la trame assez ténue de votre cher projet !  !