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LA TRAME ROMPUE ET LA GRANDE PITIÉ DE JEAN

à connaître les grands désarrois de la vie ! Son père, appelé au Brésil par les intérêts de son commerce, s’en revenait plein d’espoir et de santé, lorsque dans le golfe du Mexique, avant d’atteindre l’embouchure du Mississippi, il fut englouti à jamais dans la catastrophe d’une collision. À jamais aussi, le caractère de ce jeune homme, jusque-là si humainement heureux, devait conserver l’atteinte inopinée de sa première tristesse. Et ce coup de foudre en modifiant l’orientation de ses études, du moins temporairement, l’attira plus que jamais dans les soucis qui sont l’escorte de l’argent, en lui faisant rompre avec la vie canadienne.

Par là-même, il cessa, dans une bonne mesure, de hanter les cauchemars du bon curé qui craignait tant son influence sur l’esprit de son protégé. Toutefois, le cher vieillard n’en a pas fini avec ces hantises et ces cauchemars qui n’auront fait que se compliquer et se déplacer. Ce n’est plus sur son élève seulement qu’il lui faudra craindre l’appétence de la richesse et du