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L’ŒIL DU PHARE

meurtrières de la toilette. Elle s’exercera, sous les leçons de l’expérience, à la guérilla des conversations oiseuses, des propos ambitieux, des jugements téméraires, enfin, de la vie mondaine.

Modes, exigences soi-disant de bon ton, coutumes sociales, dont sa pauvre âme ingénue frémira peut-être, relèveront désormais de sa compétence et de son sens propre affolés, puisqu’elle a fait son début.

Elle se croira tenue, quoiqu’en veuille sa prudence innée, de fréquenter bals et théâtres dont l’éloignerait encore pour un temps sa candeur apeurée, si elle n’avait pas fait son début.

Faire son début serait donc s’astreindre aux obligations mensongères de la mondanité, avant que l’autorité maritale, s’autorisant de ces hasardeuses conventions, s’en vienne étouffer de ses dictamens la voix d’une conscience tardivement assagie. Après quoi l’obéissance conjugale remplacera les exigences sociales comme condiment des compromis à faire avec les réclamations de l’âme inquiète.