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L’ŒIL DU PHARE

dans tes premières aspirations de jeune homme ; à qui tu dois, dans une trop grande mesure, l’état d’âme spécial où tu te trouves aujourd’hui et que j’appellerai inquiétant. Quand tu as perdu ton père, tu étais encore petit enfant, et ton chagrin d’enfant, confondu dans l’exubérance de l’amour maternel, ne pouvait pas être conscient et réfléchi comme la peine dont tu souffres actuellement. Cette peine, à la disparition de ta mère, après la vie si intime que vous avez faite tous deux, s’attaque à un cœur déjà souffrant, et souffrant par ma faute. Je m’étais mépris, Jean. Je croyais faire ton bonheur, et c’est ton malheur que j’édifiais, en te déclassant. La bonne Providence voit mieux que nous dans les beaux projets que nous rêvons. Bénissons-là de n’avoir pas voulu les laisser se réaliser. Et ne lui demande jamais une épouse à qui tu devrais tout l’appoint matériel de ton établissement. C’est une erreur, Jean, c’est une erreur, avec cette autre d’abandonner à la femme l’esprit dominant de la communauté conjugale.