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L’ŒIL DU PHARE

— Précisément, c’est parce que nous l’aurons arrosée de nos larmes et de nos sueurs, parce que les nôtres en ont fait autant avant d’aller s’y confondre dans une commune poussière et pour toujours, qu’il nous faut l’aimer. Mais rien ne presse. Nous verrons. Nous verrons. »

L’allusion est trop directe aux quelques pieds de la bonne terre canadienne si fraîchement remuée. Jean respectueux et attristé n’insiste pas mais n’est pas soumis. C’est le jeune coursier plein d’ardeur qui sent sa liberté maintenant possible, veut rompre sa longe et fuir. Rien ne le retient plus dans ce village que l’affection sénile de ce bon prêtre, avec la reconnaissance qu’il voudrait lui témoigner. Et il y a chez lui quelque chose de plus impérieux que tout cela, qui malheureusement l’égare et l’entraîne, puisqu’il n’a plus maintenant de tendre mère à voir pleurer ; c’est le dépit de son esprit trop fier. Dans quelques jours, le village sera en liesse. Ce sera la noce élégante depuis longtemps résolue chez les Brillant ; la noce que monsieur le