Page:Chouinard - L'œil du phare, 1923.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
150
L’ŒIL DU PHARE

solée de sa jeunesse défunte. Va-t-il s’y enfermer pour y mourir aussi sans avoir vécu ? Va-t-il y vivre dans la mendicité qui pouvait suffire à une pauvre veuve et répugne à tous ses instincts les plus nobles, avivés par un commencement trop avancé d’éducation ? Que peut-il attendre enfin, malgré tous les bons conseils théoriques et patriotiques, attendre de cette petite patrie, si ce n’est de lui laisser, un peu plus tôt un peu plus tard, ses os de mercenaire ? Ne vaut-il pas mieux s’en éloigner, dut-il traîner longtemps après lui ce noir chagrin qui suit l’exilé comme l’ombre du cavalier en fuite ? Le sentiment patriotique remontera-t-il jamais dans son âme comme une marée ? N’est-ce pas une seconde erreur que va derechef lui faire commettre le bon vieux prêtre qui ne sera plus là pour s’en repentir, comme il a fait après l’autre… ?

— « Emmenez-moi, emmenez-moi loin d’ici, monsieur Després, le voulez-vous ?

— Je le veux bien, Jean. Tu peux toujours venir à Québec. Ça te changera les